
Depuis une semaine, je me suis fait quelques bons potes à Naplouse, notamment deux "internationaux" : Stacey et Enric.
Stacey est une canadienne de 21 ans et vit à Calgary, dans l'Alberta, prolongation du Mid-West des US dans les plaines du grand Nord. Elle étudie l'économie à McGuill, une université anglophone de Montréal. Elle a déjà passé un mois à Naplouse et parle un petit peu d'arabe.
Enric est mon coloc de chambre. Il a 27 ans et est originaire de Mallorca, comme Rafa Nadal (son cousin éloigné !). Il étudie la coopération internationale, spécialisé dans les pays en conflits armés (Basque, Nord-Irlandais, et Colombien tout spécialement). Il est donc un brin aventurier et a été en stage aux Philippines, au Sahara occidental, en Colombie, en Irlande du Nord. Ici, il bosse pour une ONG catalane et installe une petite centrale de panneaux solaires dans un village reculé du sud est de la Palestine. L'objectif est de laisser au village une autonomie totale de gestion(finance et maintenance). Tous les deux, on s'arrange très bien et il m'apprend pas mal de choses sur la "géopolitique et l'histoire" de l'amérique latine, qui la passionne.
Stacey et Enric
Ce week-end, on a décidé de partir ensemble à Jéricho et de se baigner dans la mer morte.
Interlude : Le week-end ici, c'est spécial : Vendredi est l'équivalent musulman du dimanche chrétien ; et le samedi est notre samedi. Initialement, leur samedi était le jeudi mais ils se sont calés par rapport aux Israéliens, qui ferme, eux le Samedi, et ceci pour des raisons économiques évidentes. Fin de l'interlude
Donc, on est parti Jeudi, en fin d'après-midi, dans un taxi-service, direction Jericho via Ramallah. Le taxi-service est ici le moyen de transport de référence entre les villes palestiniennes. Il ne part que lorsqu'il est rempli (un van de 8 places souvent) Pour quelques shekels, on peut rallier la ville voisine et reprendre un autre "service" pour la ville suivante. Le bus est délaissé parce qu'il passe moins facilement les Check-points israeliens qui coupent les routes entre deux villes voisines. Ce système de transport par étapes est donc relativement lent (Changement et Check-point) et faire un Naplouse-Jéricho nous a pris 2h30 pour 70km.
On arrive donc au couché du soleil à Jericho, réputée, à raison, pour la chaleur qu'il y fait en été.
On trouve un hotel ou l'on a une chambre à 3 lits, chose inconcevable à Naplouse, réputée comme très conservatrice. Jericho parait d'emblée plus libre. De nombreuses échoppes vendent quelques bières, dont la Taybeh,nom du village chrétien où elle est brassée, signifiant aussi "délicieux" en palestinien. On se fait une joie de la goûter, accompagnés par un petit groupe de chrétiens et musulmans amusés, qui nous proposent aussi quelques verres de Araki, qui ressemble beaucoup à l'Ouzo grec ou au Rakki turc. On s'écarte du régime d'ascète de Nablus où les derniers bars vendant de l'alcool ont fermés suite à la 2ème intifada, et où la population c'est "recentrée" sur les valeurs religieuses, j'en parlerai plus longuement un jour. On sympathise donc avec le petit groupe qui nous propose donc ce Arraki, puis du fromage puis le Arraki "maison" . Après une longue inspiration, on "savoure" l'elixir, pas si mauvaise, ma foi, mais moins parfumé que celui de la production de l'église du coin...
Le lendemain, on part à pied vers le Jéricho historique. En arrivant à l'arbre de Zacchée (et oui, lui-même). On retrouve les potes de la veille, qui discute (toujours!) à l'ombre d'un arbre.
L'arbre de Zacchée
L'un de leurs potes, Abu Mike (Père Mike), absent hier, se propose de nous faire faire le tour de la région, et de nous amener aux différents endroits "historiques" qui sont relativement étalés dans la plaine du Jourdain.
"La bombe" d'Abu Mike
On commence par monter difficilement vers le mont des tentations avec la voiture d'Abu Mike, une vieille Fiat de 1980. Abu Mike (Jean-Jean, tiens-toi prêt) est un musulman qui selon ses propres mots adore Jésus et la vierge Marie, qui l'ont toujours aidé quand il en avait besoin.
Là-haut, véritablement accroché à la falaise, se trouve le Monastère Karantal (Ou de la tentation) et dedans un moine orthodoxe, canadien, tout heureux de rencontrer une compatriote... Ils restent ensemble papoter de Hockey pendant une bonne demi-heure. Tout y passe, les grands joueurs, les grandes équipes, les statistiques mémorables, la critique du professionnalisme, la perte de certaines valeurs, la remise en cause de l'existence des prolongations, bref... Enrik et moi, on est un peu dépassé...
Le monastère, là-haut
Il nous montre quand même le monastère et la chapelle qui se trouve dans la grotte ou Jésus passa 40 jours de jeûne et fut tenté par le diable.
Panorama depuis le monastère
On retrouve notre charismatique Abu Mike qui nous a ramener des galettes, des oranges, des concombres et des dattes que produit son frère, pour le repas de midi. Les dattes servent à tout ici : régime spécial pour le dernier moi de grossesse et l'allaitement, pour "booster" le lait, mais aussi antalgique lors de la poussée des premières dents de lait (frotter la datte contre la gencive)...
On part ensuite patauger dans une source d'eau douce,qui est une ressource clé de la région, entourée de désert.
Ensuite, on part vers le palais d'Hisham, construit au VIIIème siècle. Celui-ci est un calife, descendant de Mahommet et souhaite faire de ce palais, sa résidence de chasse en Hiver. Détruit par plusieurs séismes, il ne reste plus que des ruines mais aux gravures et mosaiques très bien conservés, ce qui témoigne du climat aride de la région.
Une des nombreux "reliefs" que l'on peut admirer, ici dans les vestiges de la Mosquée
On se rend chez le frère, dans le bureau de la fabrique de dattes, où les employés discutent, en savourant une datte, en fumant une cigarette Jamal (Palestinienne) et en buvant un café "turc" ou un thé.
Le mur du bureau avec les différentes boites de dattes évoluant avec les années
Les employés viennent de différentes régions dont 2 d'un camp de réfugiés de la bande de Gaza. Sortir de ce "périmètre fermé" pour rester très politiquement correct, est le seul moyen d'avoir un travail.
On rentre et on passe la fin de l'après-midi à flâner dans Jéricho.
Ambiance mer morte...
Le lendemain, on part vers la mer Morte, la fameuse. Là-bas, il convient de faire LA photo du touriste avec au choix, le livre entre les mains, assis dans l'eau ou tout salit comme un benêt avec de la boue. On a cru bon de faire les deux...
La photo classique de la Mer Morte
On change d'authorité lorsqu'on est en mer morte et même si l'on est presque en plein milieu du territoire palestinien, on croise peut de plaques vertes marquées du P/ف. Et le check-point n'est pas loin...
On doit payer pour rentrer sur une des plages privées qui borde cette mer.
On est donc sur une plage comme ça :
Enric il aime pas trop ça...
Les beattles, et la musique hippie en fond sonore...
C'est Shabat, donc de il y a de nombreux israéliens, mais aussi des touristes comme nous, des USA, espagnols, français, anglais, et même du Salvador.
Le sauveteur siffle les gens qui dépassent la limite de baignade... Un sauveteur ici, il doit pas avoir beaucoup de boulot, parce que faut franchement le vouloir pour se noyer ici... Il aurait mieux fait de mettre un ophtalmo parce que le sel attaque sévèrement les yeux lorsqu'on trempe un peu trop la tête.
On s'échappe en trouvant une faille dans la barrière, dépassée par la régression de la mer Morte (-1 mètre par an, entre autre du au pompage intensif en amont).
Ce qui était un ponton il y a environ 20 ans se trouve aujourd'hui à 15 ou 20 mètres de haut, et 15 ou 20 mètres du bord...
On passe un petit bout de temps dans cette eau à 30% solide (Sodium, chlorure, potassium, brome, etc).
Le sel a digéré les nombreux déchets parsemés sur la plage
Retour à Jéricho puis route sur Nablus. Fin de week-end.
''Les beattles, et la musique hippie en fond sonore...'' J adore
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